DOC A TUNIS 2013
Le documentaire, voix du regard, pour faire face au réel
Tunis du 6 au 12 mai 2013
Dans un environnement saturé par le flux ininterrompu d’informations livrées en vrac, sans précaution d’usage ni hiérarchie, un festival de films documentaires est un moment privilégié pour prendre du recul et recadrer sa perception du réel. C’est un exercice salutaire d’hygiène mentale qui consiste à affûter son regard et activer son esprit critique pour stimuler la vigilance.
Entre le documentaire et son spectateur, la relation est basée sur une sorte de contrat tacite : il ne s’agit pas de se laisser piéger dans les rets de la fiction, de planer sur les ailes de l’imaginaire pour évacuer, le temps d’une projection, les dures contraintes du quotidien.
Le deal est résolument autre : un auteur vous prend par la main et ne vous lâche plus. Son propos est de vous conduire sur le chemin ardu d’une exploration de la complexité du monde à travers le récit d’un évènement, d’un témoignage, d’un parcours individuel ou collectif. Un compagnonnage où la capacité de compréhension, d’analyse ainsi que l’intelligence sont aussi source d’émotion et de plaisir.
Rompant avec la profusion des écrans et des titres des années précédentes, l’édition 2013 de Doc à Tunis a opté pour une certaine réduction de la voilure afin de se concentrer sur ce qu’elle considère comme essentiel, à savoir le noyau dur d’un art engagé dans le décryptage de la réalité et de développer les débats avec les réalisateurs.
Ouverte à la diversité des approches et des thématiques, la programmation réserve une place et un éclairage particuliers à des sujets qui nous concernent d’une façon ou d’une autre et interpellent nos consciences. D’une actualité incandescente, la tourmente que vit la Syrie, soumise à un œuvre d’autodestruction massive, ne laisse personne indifférent, quelque soit sa position sur le dossier. Deux films, deux tentatives pour mieux comprendre ce qui se passe.
Ce qui s’est passé, près de chez nous, il nous importe de le comprendre également, même si l’évènement date de plus de vingt ans. L’Algérie des années noires, le mécanisme du processus ayant fait basculer le pays dans la violence terroriste, ce qu’il a laissé comme plaies ouvertes dans la mémoire collective, la capacité de résilience d’un peuple traumatisé. L’expérience d’autrui est rarement reconductible ou exploitable, certes, mais rien n’empêche d’en tirer des leçons édifiantes. Il serait illusoire de se rassurer à bon compte en se disant que cela n’arrive qu’aux autres.
Enfin, Doc à Tunis affirme sa volonté d’aller de l’avant en se saisissant des nouveaux outils de de l’information et de la communication. A titre de banc d’essai, l’édition propose un objet multimédias
identifié sous le vocable webdocumentaire, un mode d’expression à part entière, appelé à s’imposer comme le support le plus à même de rendre compte de notre époque globalement connectée.
En accompagnement pédagogique, Doc à Tunis organise un atelier destiné aux étudiants des écoles et instituts de cinéma. Animée et encadrée par Xavier Liebard et François Niney, professeurs à la FEMIS , la session de formation aura lieu les 6-7-8 mai 2013 à l’Ecole des Arts et du Cinéma (EDAC)