DOC A TUNIS 2011

DOC A TUNIS 2011

  Tunis du 20 au 24 avril 2011  

Pourquoi chercher à remplir les salles de cinéma à peine trois mois après la révolution qui a secoué le pays ? Et pourquoi cette urgence alors que nous sommes face à des préoccupations plus vitales ?

Ces questions je me les suis  posées avant de me lancer avec un collectif de cinéphiles dans cette aventure : prendre en main un festival pour une sixième édition qui arrive à un des moments les plus importants de l'histoire de notre pays. En réalité, les problématiques principales auxquelles  je me suis confrontée c'est quelle place pour l'art alors que nous avons vécu dans la vie les plus grandes extases, les plus grands dangers et les plus pures émotions ? Et quelle expression artistique pourra nous faire retrouver l'osmose populaire que nous connûmes dans les rues ? Qu'écrire après tant d'années de violences et de mensonges ? Et quel chant pourra jamais couvrir le bruit des balles qui résonne encore dans nos oreilles ?


En réalité l'urgence est là ! Et nous revient alors comme Hölderlin qui dans  Pain et vin a questionné la poésie : « pourquoi des poètes en temps de détresse ? ». Or nous émergeons à peine de décennies de détresse pour plonger aujourd'hui dans un inconnu certes excitant mais nous portons dans ce présent les  blessures, les faiblesses et les faillites d'un passé trop proche. Et si la poésie, mère de tous les arts fleurit dans les temps de détresse l'art en général se nourrit toujours des métamorphoses de l'histoire. Et c'est en cela qu'il est essentiel et primordial. C'est par l'art que nous pourrons collectivement apprendre à nous construire un visage. Un visage, qui comme le corps d'Osiris, a été éparpillé dans tous les coins du monde et il nous faut la force et la magie d'Isis pour le ramener à la vie.
 
Vous me direz quel rapport y a-t-il avec le documentaire ? La réponse est simple : le documentaire tout en étant un art dans le sens de dimension esthétique est aussi un témoignage, une captation du réel. Ces deux éléments mis en commun font du documentaire une discipline qui peut être plus facilement au diapason avec le présent tout en prenant de la distance. Là où la fiction, littéraire ou cinématographique, la poésie, les arts plastiques sont une digestion du réel, le documentaire est un réel transfiguré certes mais immédiat. Un miroir de notre réalité. Et que recherchons nous aujourd'hui dans la quête de ce nouveau visage, plus digne que l'image que notre peuple a su donner ? Cette image capturée et éternisée par des cinéastes tunisiens de talents ou des amoureux du cinéma jeunes ou moins jeunes qui gardent dans leurs pellicules des figures de ce que nous sommes.

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