RCC 2011

RCC 2011

  Tunis du 30 avril au 8 mai 2011  

Notre surprise était grande quand, il y a plus d'un an, la direction de Ness el Fen nous avait proposé, de prendre la direction artistique de la 10 ème édition des Rencontres Chorégra¬phiques de Carthage... un souvenir celui des premiers mots : le festival « est un projet et non pas un héritage ».Nous n'avons saisi le sens de ces mots qu'après le déclenchement de la Révolution tunisienne du 14 janvier. Ces mots nous sont apparus alors comme évidents, l'évidence même d'un citoyen dans une République, une citoyenneté altruiste où l'intérêt collectif prime sur l'intérêt individuel.Mais alors, une question nous a taraudé l'esprit depuis : comment agir ? Comment réagir ? Comment donner un sens présent à un fait culturel comme celui relatif à la danse?
L'art de la danse ne se résume pas à une animation culturelle comme le pensent certains, même parmi les responsables culturels.Après à la Révolution, notre société se retrouve, ici et maintenant, à la croisée des chemins...De ce fait, notre avenir collectif est enjeu...

Il nous fallait faire un choix et tout choix est un engagement, un acte franc, sans détour, sans concession... Quel engagement est plus efficient que celui du corps lorsqu'il écrit l'histoire ? Comme l'Histoire n'existant plus seulement sur le papier, le corps et son mouvement possèdent en eux la mémoire de notre vécu, nos rêves, en bref notre civilisation... Le corps dans son mouvement dansant, descriptif ou allégorique, présent ou prémonitoire ouvre des champs devant l'imaginaire, véhicule des sentiments et des idées, crée des sensations, un chapelet de paroles, pierre angulaire d'une culture et par là même propage des idéaux capables de toucher toute personne effaçant du coup toute les limites de l'enfermement identitaire.Ce n'est pas par hasard que la danse avait de tout temps la mission d'exprimer une culture, de représenter un pays, loin des barrières de la langue parlée et de la prétendue nécessité d'une « explication de texte ».Instinctivement, par le passé, nous avons plus d'une fois tirée la sonnette d'alarme sur l'état de notre pays et sa condition dans des créations comme « Zenzena », « Khallini aich » , « Khaddem hazem », «Vu » , « Kawa », « Mon corps est mon pays », etc... Notre corps était alors notre première demeure, la première marche de notre pays, la première syllabe de notre culture... notre sens premier de la vie.Aujourd'hui, notre corps et sa danse nous emmènent vers l'avant, vers l'avenir... Grâce à eux - et de concert avec des artistes majeurs tels Maguy Marin, Héla Fattoumi, Faustin Lynekula , et d'autres artistes venus d'horizons divers qui pensent aussi le monde, le leur et le nôtre - nous participons à la formulation des rêves de chacun parmi nous. Nous racontons son labeur, ses peurs et ses espérances, son immobilité et sa célérité, bref son être et sa volonté d'être... Nous avons rythmé la programmation de cette session spéciale, inscrite dans le Capital Danse, comme une pièce choré-graphique dans laquelle des artistes majeurs qui ont fait bouger les codes de leur propre société, une pièce capitale dont la finalité serait de voir ce qui se passe en nous d'abord et ce qui existe ailleurs aussi pour nous situer à la fois dans l'artde la danse mais aussi dans celui de la vie.

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