Et pourquoi pas les nouvelles technologies ?
L’idée d’organiser ces Rencontres 2009 autour de la question de la danse et des nouvelles technologies est venue il y a quelque temps déjà. Pour monter un spectacle, un chorégraphe me demandait des moyens techniques et surtout électriques qui représentaient la consommation de tout un quartier de chez nous ! C’était avant la crise, c’était avant que l’on se dise, un peu partout, que la consommation effrénée n’est peut-être pas la solution idéale.
Organiser ces huitièmes Rencontres Chorégraphiques de Carthage autour de la rencontre entre la danse et les nouvelles technologies n’est pas neutre. Pour de bonnes et de moins bonnes raisons, il semblerait qu’un festival organisé au Sud doive se contenter de moyens rustiques, d’œuvres résistantes aux contraintes matérielles et de problématiques ne mettant en cause que les questions de racines et de modernité, le rapport aux anciens ou aux traditions.
Il ne faut pas nier les difficultés particulières de ce choix. Les infrastructures ou les habitudes de travail tunisiennes ne sont peut-être pas celles que connaissent les chorégraphes et les techniciens que nous avons invités. Nous n’avons pas nécessairement dans nos théâtres le dernier type de projecteurs super sophistiqué; l’ordinateur n’est pas dernier cri : nos pays ont des priorités qui nous conduisent parfois à faire un peu plus durer le matériel !
Mais notre jeunesse qui vit avec les portables, jongle avec les ordinateurs, qui n’est pas déroutée par une caméra numérique, est là pour nous l’assurer ! Il n’y a pas lieu de craindre une fracture numérique. Les difficultés matérielles sont faites pour être surmontées et c’est même une chance pour ces œuvres d’une magie et d’une sophistication extrêmes de venir se confronter à des réalités de terrain.
Faire venir ces œuvres subtiles, exigeantes et troublantes qui utilisent les ressources des technologies nouvelles dans le contexte d’un festival du Sud, c’est aussi permettre à ces œuvres de garder le contact avec l’humain, le monde, l’authenticité. Nous rappelons ainsi à la technologie qu’elle n’a de sens que si elle est faite par l’homme, pour l’homme et en le respectant.
C’est pour cela qu’il faut remercier les chorégraphes qui sont venus pour cette huitième édition, Philippe Baudelot, co-directeur artistique et Armando Menicacci, auteur de la carte blanche, qui ont accepté de vivre l’aventure et relever le défi, c’est pour cela qu’il fallait impérativement l’organiser.