Edito DOC A TUNIS 2014

DOC A TUNIS, 9ème! Tunis, 2-6 avril 2014

Une édition au cœur des préoccupations de l’heure
Environnement et société, une affaire urgente qui nous concerne tous

Dès son lancement en 2006, avec, pour sous titre, « La voix du regard », Doc à Tunis a suscité un véritable engouement du public et un accueil enthousiaste des professionnels et des médias. En ces temps-là où toute expression était suspecte et sous contrôle, le message implicite véhiculé par l’événement était clair : Il s’agissait d’ouvrir les yeux, d’aiguiser l’esprit critique du spectateur-citoyen pour lui permettre d’aller au-delà des apparences et de la langue de bois afin de percevoir la complexité du monde en tout lucidité. Résolument militant et engagé, le festival s’est très vite imposé comme un rendez-vous majeur et un forum de débat contradictoire sur les questions cruciales qui travaillent notre société. L’approche ne pouvait pas toujours être frontale, mais la vigilance de rigueur !
En dépit des troubles et des menaces de l’époque, les éditions 2011, 2012 et 2013 ont été au rendez-vous du public avec des programmations à forte portée politique et en rapport direct avec l’actualité : soulèvements contestataires, terrorisme, résistance.
Dans le contexte de transition que traverse actuellement le pays, Doc à Tunis se devait d’être au diapason de la réalité et, par conséquent, en phase avec les préoccupations immédiates de la société. Nul n’ignore les situations difficiles auxquelles nous avons été et sommes toujours confrontés : dégradation de l’environnement, envahissements des ordures, retour de la faim et de maladies archaïques, pénuries d’eau, coût de l’électricité, inflation, précarité et misère sociale, controverses sur les nouvelles sources d’énergie, pollution industrielle etc.…D’où le choix, un choix relevant de la nécessité, de consacrer l’édition 2014 du festival, à l’environnement, compris dans toute l’étendue et la complexité de son acception, avec comme ambition, de contribuer à l’émergence d’un nouvel être au monde, basé sur la responsabilité, cela s’appelle l’ écocitoyenneté.
Car être pour l’environnement ne se limite pas à manifester son amour pour la nature, ni à cultiver, comme son jardin secret, la douce nostalgie pour les verts pâturages du paradis perdu. Militer pour la défense de l’environnement suppose une conscience responsable dans chaque geste de son comportement quotidien et de ses relations avec les autres. Il s’agit bien d’un mode de vie citoyen, respectueux de la collectivité, et, pourquoi pas optimiste.
Mais dès lors qu’on parle environnement, surgit la question de sa perception, de sa pertinence et de sa prise en compte par la société. En effet, à qui s’adresse-t-on ? Aux gouvernants dont les stratégies de développement décident de notre avenir ?Aux privilégiés qui ont le luxe de se préoccuper de la qualité de la vie ? Aux classes moyennes en cours de paupérisation qui ont du mal à joindre les deux bouts ? Aux démunis, aux exclus qui n’arrivent pas à manger à leur faim ? A quel niveau situer un problème incontournable? Est-il envisageable d’en faire l’économie ? Il faudra bien pourtant faire preuve d’audace pour prendre à bras le corps le problème, en inventant peut-être une forme de SMIG environnemental autour duquel rassembler un consensus national.

Autre élément notable de la présente édition. Se voulant une force de proposition à un débat sociétal majeur, la programmation a été pensée et élaborée en collaboration étroite avec le mouvement associatif engagé sur le front de la défense de l’environnement. Au final, quatre pistes de réflexion ont été retenues ; elles couvrent quatre thématiques environnementales majeures qui seront abordés à travers projections de films, forum d’idées et débats publics : La pollution urbaine, l’eau, la biodiversité marine et la transition énergétique.
On verra de grands et beaux films. Promis ! Car il n’est pas question de se priver du plaisir du cinéma sous prétexte d’aborder des sujets sérieux et urgents qui interpellent la planète entière.