RCC 2004
Tunis du 1er au 8 mai 2004
Synthèse des deux premières éditions
Ceci dit, grâce à la volonté et l’ardeur de tous les artistes, partenaires et soutiens, de confronter l’art de la danse à un public tunisien non initié, le Printemps de la Danse a su prendre une place de plus en plus prépondérante au sein de la vie culturelle du pays et de sa capitale. Les spectateurs ont afflué nombreux dans les salles et leur nombre a doublé depuis la première édition. Plus de quarante articles concernant cette manifestation sont parus dans la presse et une émission spéciale consacrée à la danse – et plus particulièrement au festival lui-même – s’est tenue sur Canal 7. En outre, le festival s’est déroulé chaque fois dans un contexte social tendu : l’attentat de Jerba en 2002 et la guerre en Irak en 2003 n’ont pas entaché la réussite du festival, et nous-mêmes, quoique profondément émus et bouleversés, nous nous sommes attachés à ce que cet événement artistique garde toute sa dignité.
C’est grâce à la conviction dont les artistes et tous nos partenaires ont su faire preuve, que nous avons pu mettre en place les Rencontres Chorégraphiques de Carthage et que la danse a pris une place privilégiée dans le paysage artistique tunisien. Nous sommes ainsi en mesure d’espérer que la culture de la danse s’infiltre pas à pas dans le cœur du public tunisien et qu’elle permettra d’éveiller en chacun une conscience artistique et esthétique plus épanouie. Ces modestes progrès sont un fait acquis dont vous êtes les principaux acteurs, et nous nous devons de continuer d’avancer, chaque année un peu plus loin et avec plus d’assurance.
La 3éme édition
En ce sens, nous cherchons à ouvrir plus largement la saison culturelle de la danse. Ainsi, en 2004 les Rencontres Chorégraphiques de Carthage, pour leur 3ème édition, se dérouleront du 1ier au 8 mai. Mais, ne voulant pas confiner la danse contemporaine à une seule semaine dans l’année, notre nouvelle stratégie artistique consiste à accueillir en résidence des chorégraphes et des danseurs à Tunis, où nous possédons un studio de 200 m2 et un théâtre de 400 places. Par le terme de « résidence » nous entendons l’accueil d’artistes pour des créations, des ateliers, des échanges artistiques… à court comme à long terme, permettant aux danseurs tunisiens de se former à d’autres gestuelles.
Ainsi, depuis cet été, le Sybel Ballet Théâtre, la compagnie de Syhem Belkhodja, a accueilli quatre chorégraphes : l’Italien Christian Canciani en juillet, le Sénégalais Yelli Thioume au mois d’août et le Français Abou Lagraa au mois de septembre. Enfin, et c’est une première en Tunisie, l’Américaine Ruth Adrien est venue au mois d’octobre monter une pièce du répertoire de Paul Taylor avec les danseurs du Sybel Ballet.
Le Printemps de la Danse, en pleine expansion, permet davantage d’échanges interculturels. Ainsi, ce Festival est plus que jamais un lieu de rencontres les plus variées, et les diffuseurs, les producteurs, les directeurs d’espaces culturels, les artistes de tous bords s’y côtoient et s’y découvrent. Centre de rayonnement artistique, il est également un espace de distribution unique, une occasion de divulguer la culture de tous les pays et de renforcer les échanges entre toutes les nations.
Ce Festival est donc une occasion pour diffuser et faire connaître d’autres artistes en Tunisie et surtout auprès des directeurs de festivals européens, arabes et africains.
En outre, ce Festival est une occasion unique pour les Tunisiens d’avoir accès à des cultures lointaines et nouvelles pour eux. Nous savons que les risques de repli culturel, social et religieux à l’intérieur des frontières tunisiennes sont latents. Que le danger de chute vers l’intégrisme est réel dans notre pays. Or, il est du devoir des artistes d’éveiller le public aux autres formes de cultures. Pour cette raison, nous plaçons ce Festival sous le signe de la paix et de la tolérance. Et nous croyons aux pouvoirs de la danse. Comme art éphémère du geste, elle s’adresse directement au spectateur en lui parlant le langage universel du corps et dans l’instant privilégié du spectacle de danse, chacun s’ouvre à l’autre. Car il nous semble qu’en raison de son amour pour le corps, chaque danseur est par essence un anti-intégriste.
La troisième édition du Printemps de la Danse sera ouverte, riche et bigarrée. Les spectacles qui la composent mêlent artistes confirmés et découvertes, créations locales et compagnies internationales. L’avant-garde rivalise avec des démarches intimistes ou plus académiques.
Le Printemps de la Danse sera coloré, à l’image de la diversité des engagements, des sensibilités et des singularités de chaque structure et des artistes qui composent leurs choix.